Cet article est une réflexion ouverte, l’opinion exprimée me concerne personnellement, je cite mes sources d’observation en fin d’article. C’est un point de vu -évidemment- subjectif et avec lequel vous pouvez ne pas être d’accord. Je suis toujours disponible pour en discuter en toute bienveillance via le formulaire de contact. Pour rappel, je prône la tolérance dans ce billet comme sur ce blog, et qui veut se lancer en couture : le peut. Indépendamment de sa nationalité, couleur de peau, taille, poids, genre, non-genre, ses revenus, classe sociale ou âge 🥰
C’est une question vraiment, vraiment, vrai-ment, compliquée. Mais j’avais envie d’en parler. Quand on souhaite lancer un projet, comme une boutique de patrons (me concernant) on fait surtout le voeu de pouvoir le partager avec tout le monde et d’être inclusif. Dans le monde du DIY, on regorge d’idées de recettes, de tutoriels, de nouveaux bienfaits d’ingrédients ou techniques à faire découvrir… Sauf que voilà, si on se penche deux secondes sur le sujet, on peut se demander : qui peut réellement en profiter ? 🤔
Est-ce qu’une personne aux revenus limités peut réaliser cette recette et y trouver son compte ? Est-ce qu’une personne indépendamment de son genre (masculin, féminin, autre) peut se servir de ce DIY ? Est-ce qu’une personne peu importe son poids, sa taille, sa couleur de peau ou anatomie… peut se sentir adressée par ce tutoriel ?
Au fond, est-ce que la pratique de la couture peut se montrer excluante… ou non❓
Mon constat personnel
Si vous regardez les communautés de couture sur les réseaux sociaux, vous allez pouvoir rapidement dresser un constat :
1- la couture est multi-générationnelle 👵🏻👶🏽
On peut s’apercevoir que les âges des personnes discutant de couture, débutants en couture ou partageant leurs créations sont très variés. De retraités aux jeunes actifs, d’adolescents à des jeunes parents… C’est un loisir véritablement multi-générationnel, qui en plus, se transmet car c’est un savoir-faire. Peu importe l’âge, toute personne peut prétendre à s’initier à la couture.
2- la couture est réservée à une certaine classe sociale 💸
Ce point est sensible, c’est pourquoi on va pas mal le développer. Suite à mes observations, la pratique de la couture concerne plutôt des ménages aux revenus modestes (la fameuse classe moyenne) comme les ménages plus aisés en quête de consommation plus saine. Ce qui n’était absolument pas le cas il y a 50 ans par exemple, où la couture était une pratique très économique et de classe populaire ou précaire.
Pourquoi ? Il faut se rappeler que la couture contemporaine est avant tout : un loisir. Il demande du temps (beauuucoup de temps), de l’argent et de l’espace. Pour se permettre ce genre de loisir, il faut déjà pouvoir se l’offrir, donc forcément, c’est un privilège.
⚠️ Ici, le but, ce n’est pas de culpabiliser qui que ce soit, au contraire. Je fais simplement acte de reconnaître que la pratique de la couture est de fait, un privilège, un loisir. Et donc non, « tout le monde » ne peut pas se le permettre dans l’immédiat (ça veut pas dire que ces personnes ne pourront jamais se le permettre non plus ou que la couture est un truc de « riche »).
4- la pratique de la couture est genrée 🙍🏻
La couture, c’est exactement comme le monde de la cuisine. Quand il s’agit du cercle domestique et familial, c’est un domaine de « femme » cependant, la plupart des grands chefs sont des hommes et la plupart des grands noms de la couture : également. Il est assez rare de tomber sur des projets couture fait par des hommes en dehors de cette sphère (mais ils sont là quand même). Rappelons que chacun⸱e devrait pouvoir être représenté⸱e, se sentir concerné⸱e et être reconnu⸱e dans ce domaine à part égale qu’il⸱elle soit cisgenre, femme, homme, transgenre, genderfluid, agenre, alien : PEU IM-POR-TE. Aujourd’hui, on a surtout l’impression que la couture concerne des femmes entre 20 et 70 ans… Mais je pense que c’est en train de changer.
5- la pratique de la couture est une ouverture culturelle 🌎
Une des sources de motivation inépuisable que je capte grâce aux communautés couture : c’est la diversité de créativité et nationalités qui y échange, les inspirations ethniques de tissus, les formes de vêtements traditionnels (kimono etc), les techniques de couture outre-atlantique… Ce qui me donne l’impression que la pratique de la couture est une ouverture à la tolérance et à l’appréciation culturelle (en aucun cas l’appropriation culturelle, j’insiste, le but est d’applaudir et reconnaître la beauté d’un savoir-faire culturel, non pas de se l’approprier « à sa sauce » tout en ignorant les contraintes et la discrimination dont peut souffrir cette communauté ainsi le message réel derrière telle étoffe ou telle forme de vêtement). Encore une fois, cet avis est le mien et rappelons que je suis une jeune femme, blanche, française, athée et privilégiée. Donc nuance, nuance, toujours ! Dans tous les cas, chacun⸱e peut percevoir clairement que la couture est une pratique d’expression libre et que chacun⸱e devrait pouvoir y partager ses créations et leur histoire, valeurs ou message particuliers.
6- la couture n’est pas body-positive ✊🏿🍑
C’est un mot très à la mode, mais une réalité. Je ne sais pas si cela vient du fait du canal de partage (instagram, facebook…) ou la couture en elle-même : mais les personnes aux corpulences diversifiées sont assez rares. Je parle ici des personnes en surpoids, maigreur ou de très petite taille comme très grande taille. En effet, pour développer un patron de couture au-delà du 52, en dessous du 34 ou dans une stature autre (1m50, 1m90…) il faut un autre type de méthode et de formation, ce qui peut exclure des personnes qui ne pourront pas accéder au produit et à la réalisation du vêtements convoité. Mais laissez encore un peu de temps aux marques de patrons de couture, elles rectifient le tir !
Cependant, je reste persuadée que s’initier à la couture, c’est entrer dans une bonne démarche vis-à-vis de son corps. On relève ses propres mesures et on apprend à s’y sentir bien avec du vêtement sur-mesure (ce qui fait qu’un vêtement vous va bien, c’est pas votre morphologie en forme de A ou O : c’est que le vêtement est ajusté pour vous, son tombé est parfait sur vous). On comprend que l’on est plus du tout limité comme avant. Et ça, dans un sens, c’est faire un gros pas vers son propre bien-être et image de soi.
7- la couture ne parle pas trop de situations de handicap 🦽
Mis à part quelques sujets sur les problèmes de vue à cause de l’âge et l’aide de l’enfile aiguille sur certaines machines… Je ne parviens pas à trouver de sources ou d’insight sur la pratique de la couture en situation de handicap. Petit éclairage : une personne n’est pas handicapée, elle est en situation de handicap vis-à-vis d’une pratique de la vie courante ou de loisir, d’un accès à un bâtiment etc… Qu’en est-il en couture ? La machine à coudre électronique peut-elle être adaptée ? Connaissez-vous des clubs, des associations, des personnes qui trouvent des solutions ?
Conclusion : c’est à vous de la tirer et vous forger votre propre opinion. 🤷🏻♀️ En ce qui me concerne, ce sont des questions qui animent mon projet de création de boutique de patrons et que j’estime centrales.
J’aimerais beaucoup pouvoir lire vos réactions face à ce sujet, cependant, pour rappel, il n’est pas possible de laisser des commentaires sur ce site. Ceci pour des raisons de traitements de vos données et d’un manque de temps de ma part pour faire de la modération. Vous pouvez toujours m’adresser vos remarques via le formulaire de contact sur le site 👀
PS. Je souhaite que mon avis sur la question soit uniquement relayé sur ce blog personnel, évitons donc d’en partager des bouts, des bribes, des captures de manière public sur d’autres réseaux ou environnement internet (vous pouvez bien évidemment partager le lien vers l’article par contre).
Merci 🌈
Mes sources d’observations :
– différents groupes de couture sur facebook, de 4500 à 230 000 membres, où j’ai pu assister à de nombreux débats sur la couture/le budget et son accessibilité,
– les comptes instagram de marques de couture (machines à coudre, mercerie) et leur partage ou re-partage de cousettes du monde entier.
– des discussions avec mes proches sur les freins face à la pratique de la couture,
– ma fréquentation de lieux physique liés à la couture et la population qui s’y rend (notamment à Paris, dans le quartier Barbès).
⚠️ Encore une fois, cet article est basé sur mes ressentis cultivés depuis plusieurs années. Non des faits tangibles et mesurables.